par Philippe Litzler
Rédacteur en Chef
« Changement de paradigme ? »
Je ne sais pas vous, mais moi j’ai l’impression que ces presque deux années de crise sanitaire ont changé notre perception de l’art et de la photographie.
Jusqu’en 2019, l’art contemporain en général, et la photographie plasticienne en particulier, avaient le vent en poupe. Toutes les galeries qui se respectent, toutes les FRAC et toutes les écoles des Beaux-arts en chantaient les louanges. « Conceptualiser » était devenu le mot d’ordre et malheur à ceux qui osaient dire le contraire. L’oubli était – pour eux – au bout du chemin.
Après ces années Covid passées dans l’angoisse de la maladie, de la foule et des fake-news difficiles à trier, les gens ont commencé à prendre du recul et à rechercher les vraies valeurs. Ainsi la question « Qu’est ce qui est vraiment important dans ma vie ? » est devenu un leitmotiv général, presqu’un mantra !
D’où un retour à la vie réelle, comme on la vit et non pas comme on la pense. Régression ? Pas sûr ! Quand tout va bien, on tolère les caprices des très riches qui se distinguent du commun des mortels en achetant des œuvres « bizarres » dont le concept lui-même est finalement le produit (on se rappelle de la banane scotchée à 120.000 dollars). Mais quand on essaie de survivre à une pandémie qui met à mal tout le système économique, on recherche à nouveau ses racines.
Ainsi en est-il, par exemple, de la Street photography qui connaît aujourd’hui un boom spectaculaire à travers toute la planète. Des artistes comme Joel Meyerowitz, Harry Gruyaert, Alex Webb ou Bruce Gilden, servent de modèles à des photographes de plus en plus nombreux.
La morale de ce retournement, c’est que l’art en général, et la photographie en particulier, ne se laissent pas ficeler dans un concept unique. D’autres crises interviendront encore, mais la vie sera toujours la plus forte et l’art en sera toujours le vrai reflet.