"au bout du plongeoir, le grand bain" - Laurence Aëgerter, Anaïs Boudot et Douglas Mandry
Détails de l'évènement
En écho à l’avenir fragile de notre environnement, la Galerie Binome propose d’apprécier l’horizon contemporain depuis trois points de vue artistiques comme autant de paysages perçus
Détails de l'évènement
En écho à l’avenir fragile de notre environnement, la Galerie Binome propose d’apprécier l’horizon contemporain depuis trois points de vue artistiques comme autant de paysages perçus en regard de la profondeur de nos mémoires. Entre exaltation salvatrice et appréhension critique, les œuvres de Laurence Aëgerter, Anaïs Boudot et Douglas Mandry abordent par le prisme du medium photographique, la thématique de l’eau, cet élément fondamental de la vie, comme la rencontre de la nature et de la technologie à l’ère de l’anthropocène.
Histoire commune au XXe siècle, l’eau et la photographie se sont mutuellement découvertes une attractivité. La photographie a accompagné nos vacances d’été au bord de la mer et d’hiver à la montagne, prolongé ces moments d’extase dans les albums de famille, écoulé quantité de cartes postales et d’imprimés venant figer ces instants de communion face aux cimes et à l’océan. Associée au loisir et au plaisir, l’eau se présente de prime abord comme le lieu d’archétypes, alors que sa fragilité notoire vient trahir ces semblants d’éternité. Entre les mains des artistes, elle raconte ses états : solide, liquide, son évanescence plus encore, soit des potentialités de transformation qu’accompagne la plasticité du photographique...
Faire état de ce qui a été et de ce qui advient. Douglas Mandry puise ses images dans l’iconographie du siècle dernier. Il transfère par procédé lithographique des photographies de montagnes enneigées des années 30-40, à même les “couvertures de glacier” usagées, aujourd’hui employées en Suisse pour tenter d’en ralentir la fonte. Qui du linceul fait le deuil d’une époque mythique, qui de la couverture de survie en tente une conservation par le “high-technology”, la série Monuments porte les stigmates de nos rêves rattrapés par leurs excès.
Sous la forme de tapisseries Jacquard, Laurence Aëgerter propose quant à elle d’extraordinaires scènes de baignade, des corps en suspension vus en contre-plongée depuis les fonds marins. Tissées de fils phosphorescents, les tapisseries de la série Longo Mai résistent longtemps encore* même plongées dans l’obscurité. Les corps irradiés de ces nageurs-fantômes évoquent autant la mémoire brûlante de ces moments d’extase que l’espoir de les voir perdurer ; une ode à la vie préconisant le plaisir de l’instant.
Une vague de temps qui avance et se retire, une fraction d’images saisies parmi de multiples va-et-vient, c’est ce que décline encore Anaïs Boudot avec Le reste des vagues. Dans cette série de photogrammes tirés sur plaque de verres, les images sont travaillées dans les bains de chimie par couches de temps, d’eau et de lumière. Autour d’un même rocher, Anaïs Boudot crée des séquences de houle et d’écume dont la matérialité vaporeuse et scintillante est renforcée par des projections de peinture argentée. Ici, dans l’évidence de la perpétuelle inconstance de la mer, les vagues deviennent les fragments d’une prose hypnotique. Là, méandres et tourbillons restent encore lisibles à la surface des pierres érodées de la série Un rayon dans cette mer sur une Lune.
Courtes biographies
Né en 1989 à Genève, Douglas Mandry vit et travaille à Zurich. Il est diplômé en 2013 d’un Bachelor en communication visuelle de l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL). Son travail a été exposé dans de prestigieuses institutions dédiées à la photographie - exposition « Back to the Future » au C/O Berlin en Allemagne ou Plat(t)form 2015 au Fotomuseum Winterthur en Suisse - et présenté à l’occasion d’importants prix et événements européens : lauréat Foam Talent 2020 et festival Circulation(s) 2019, nominé aux prix Pictet 2019 et Paul Huf Award en 2015, 2016 et 2019, finaliste prix Swiss Design 2015. Laurence Aëgerter (1972) vit et travaille entre Amsterdam, où elle réside depuis 1993, et Marseille. Elle est lauréate du Prix international de la photographie Nestlé du Festival Images Vevey 2016 et du Prix du livre d’auteur aux Rencontres d’Arles 2018. Née à Metz en 1984, Anaïs Boudot est diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie en 2010 et du Fresnoy - studio national d’art contemporain - en 2013. Anaïs Boudot poursuit un travail autour des processus d’apparition de l’image et de l’exploration des techniques photographiques. Par des allers-retours constants entre argentique et numérique, accusant ou amenuisant la frontière qui les distingue, elle cherche à interroger les moyens qui font la spécificité de ce medium.Source : Dossier de presse, Galerie Binome.
Photographie : © Douglas Mandry, Glacier des Bossons, série Monuments, 2019-20 pièce unique – lithographie sur géotextile usagé (couverture de glacier) encadrement. © Laurence Aëgerter, Longo Maï (2013), ensemble complet des quatre tapisseries. De gauche à droite : Bain de midi (coraux), Bain de midi (planche), Bain de minuit (coraux), Bain de minuit (pieuvre). © Anaïs Boudot, sans titre #11, série Un rayon dans cette mer sur une lune, 2019. Pièce unique dans une édition de 3 (+1EA). Tirage gélatino-argentique sur plaque de verre, peinture argent châssis en bois noir.
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Temps
2 juin 2020 10h00 - 1 août 2020 18h00(GMT+00:00)