par Philippe Litzler
Rédacteur en Chef
Rencontres d’Arles 2022,
Philippe Litzler : « La photo, c’est la vie »
Ayant rencontré dernièrement un ami que j’avais connu doctorant et qui est maintenant Docteur en histoire de l’art, après un doctorat de 5 années, ce dernier m’a avoué que maintenant il ne prenait plus de photo mais qu’il organisait des expositions en tant que commissaire.
Fort bien, me suis-je dis. La photographie a besoin de réflexion.
Cependant il a ajouté : « Aujourd’hui les artistes doivent tous avoir un Master. Les anciens qui n’en n’ont pas doivent obtenir une validation des acquis de l’expérience et bien maîtriser leurs dossiers ».
Vous comprenez comme moi – entre les lignes – qu’un artiste sans Master n’entrera jamais dans une FRAC ou dans une galerie « ayant pignon » sur l’État !
J’en discutais avec un ami, photographe célèbre de mode, au carnet de commandes rempli, qui me dit : « J’ai connu personnellement Helmut Newton et Peter Lindbergh. Newton n’avait aucune formation photo. Il a passé son adolescence en Australie à ramasser des fruits pour gagner sa vie. Quant à Peter Lindbergh, il prenait des photos des touristes sur les plages à Ibiza et dormait dans un sac de couchage à même le sable car il était toujours fauché. »
Voici deux artistes photographes considérables qui ont laissé une œuvre derrière eux. Ils n’avaient pas le nouveau sésame français, le fameux Master en histoire de l’art et n’avait pas suivi d’école prestigieuse de photographie.
Je me pose la question : « Combien de ces nouveaux diplômés arrêteront définitivement la photographie pour se consacrer à des recherches – certes utiles – sur les grands photographes du passé, par exemple ?
La créativité est-elle vraiment au bout d’un diplôme, ou assistons-nous plutôt à un nouveau formatage de nos élites culturelles et à la création d’un nouvel académisme ?
Pour mémoire, l’Art Pompier du milieu du XIXe siècle est l’exemple typique d’un académisme porté aux nues et qui est tombé aussi rapidement qu’il était monté dans les limbes de l’histoire de l’art.
À méditer…