Un peu de poésie en attendant le Printemps : les photographies de Sylvain Cazenave, entre clichés idylliques et images d’archives d’une époque à la douceur hors du temps. De l’argentique au drone.
Passionné de glisse et de photographie depuis la fin des années 60, Sylvain Cazenave est devenu l’un des plus grands photographes de sport, de surf, de vague, et s’est démarqué autant par ses clichés purement sportifs que par un ensemble de photographies plasticiennes. Pendant 35 ans, bien que sa base fût Biarritz, Sylvain Cazenave était là où il y avait des vagues et du vent. L’histoire de ses photographies a cela de particulier, qu’elles utilisent des technologies avancées, collant à l’époque, passant de l’argentique au drone. Points de vue aériens et jeux d’ombres poétiques, c’est tout une esthétique en œuvre.
OPENEYE : Vous avez commencé par pratiquer le surf avant de photographier l’univers qui l’entoure ?
Sylvain Cazenave : Je pratique toujours le surf, j’ai pris ma première vague sur la côte des Basques en 1968 et je n’ai jamais arrêté. Aujourd’hui j’ai songé à me mettre à l’eau, mais comme nous sommes en Hiver, je privilégie la mi-journée, où les lumières sont très belles et le fond de l’air bien plus chaud.
OPENEYE : Quand a eu lieu votre déclic pour la photographie ?
Sylvain Cazenave : J’ai toujours eu cette appétence, ma famille faisait de la photo, mon père et ma mère avaient différents appareils que j’ai pu utiliser ensuite. Petit, j’ai eu des Instamatic de chez Kodak mis sur le marché en 1963. Mon père m’a encouragé, il m’a notamment abonné à LIFE Magazine et à National Geographic en anglais dès les années 60.
OPENEYE : Une très nette évolution est visible dans l’esthétique de vos images, au fil de votre carrière. Comment l’expliquez-vous ?
Sylvain Cazenave : Au début j’étais attiré par la performance et je me suis naturellement orienté vers une photo de sport pour la capturer. En 1973, j’ai acheté un appareil pour travailler dans l’eau, le Nikonos, un format 35 mm spécialement conçu pour la photographie sous-marine lancé par Nikon, qui avait conçu l’appareil avec l’équipe du Commandant Jacques-Yves Cousteau.
A l’époque acheter un film était une dépense importante, surtout en étant jeune, alors je photographiais par ci par là, mais pas en grand nombre. C’était une technique intéressante. En 1976 j’ai pu m’acheter un autre appareil, un boitier pour travailler depuis le bord de la plage. Puis en 1980 j’ai vraiment investi dans de gros téléobjectifs, j’avais en France le seul 1 000 mm, un appareil avec un objectif d’un mètre de long, plus le pare soleil. C’était amusant car sur la plage les gens venaient me demander ce que je faisais. J’étais très concentré car les moments sont furtifs, imprévisibles, il ne faut pas louper le surfer sur la vague, alors j’ai appris à parler avec les gens intéressés sans les regarder, tout en continuant à photographier. (…)