Dans un écrin de nature verdoyante, à la sérénité enivrante, la 9ème édition de la saison photographique de l’Abbaye Royale de l’Epau fait partie de ces expositions qui évadent et étonnent. La qualité de la programmation, un parcours en extérieur à la scénographie respectueuse de l’environnement (matériaux écologiques et réemployables) et dynamique, se démarque particulièrement par sa diversité. Sept artistes exposent leurs travaux dans les jardins (13 hectares) où l’on peut aussi découvrir les projets de permaculture et de préservation de l’environnement.
La sélection propose de découvrir un travail de Robert Doisneau inédit sur la musique, et des talents de plus en plus convoités présentent leurs dernières créations : Floriane de Lassé, propose ses portraits aux traits fondus dans des motifs superposés provenant des tissus Wax, symboles d’une Afrique féminine forte et inspirante. Elle intitule sa série « Mamas Benz », en référence aux Nanas Benz, ces femmes millionnaires qui roulaient en Mercedes-benz après avoir fait fortune dans le commerce de cette étoffe. Sandra Mehl nous plonge dans la quiétude de l’étang de Thau avec son reportage « ps. Je t’écris de la plage des Mouettes » et Tomas Munita présente, au détour de paysages à couper le souffle, le quotidien de dompteurs atypiques de la Terre de Feu. Etude sur le « système » du temps à partir d’une superposition d’images propices à la contemplation, Kim Boske nous propose un langage du Sublime et nous plonge dans des pans indéfinis de nature dense et foisonnante dont le volume nous semble palpable.
La perception de l’eau mouvante semble inatteignable dans la foisonnante végétation et suggère finalement calme et délectation. Enfin, le travail de Nicolas Boutruche marque particulièrement l’esprit : il articule une multitude d’éléments issus de sa banque d’images dans ses photomontages et réalise des intérieurs « voyeurisés ». Des histoires de stéréotypes et de récits fantasmés à l’inventivité percutante. Il s’inscrit dans cette génération prolifique de photo-monteurs talentueux, dont Christopher Kay, (publié dans OPENEYE) est une figure importante.
Les projets s’inscrivent dans un cheminement esthétique et créatif, et poussent aussi à l’admiration devant l’invisible à l’œil nu avec le travail des frères Dominique et Michel Beucher : leurs macro-photographies révèlent les moindres textures et structures du vivant. Une ode à la nature.
Tout l’été, l’Abbaye accueille les amateurs de photographie pour leur faire passer une journée d’un autre temps, déguster les produits du terroirs au Café des Moines et au restaurant, au pied de siècles d’Histoire.