« Super Mamika », c’est un peu, de fait, l’anti-héros. On imagine plutôt cette dame d’un âge respectable, fragile et douce. On la retrouve dans les habits d’un héros célèbre qui sauve le monde ! Mais si on gratte un peu l’histoire de la famille, on découvre que cette femme – tellement menue – a eu une vie plutôt incroyable. Elle en est sortie plus forte que beaucoup d’hommes, ayant survécu à de nombreuses tragédies à l’époque des Nazis. Sacha Goldberger lui a rendu un vibrant hommage malicieux et tendre, car seul un petit-fils connaît vraiment toutes les qualités d’une grand-mère aimante et dont la vie n’a pas, malgré tout, détruit le sens de l’humour. Cette femme est devenue, sans le vouloir, un exemple pour les personnes âgées.
OPENEYE : Sacha, vous avez eu une première vie, pourrait-on dire, en tant que Directeur artistique dans la publicité pendant plus de 12 ans. Vous êtes également auteur de livres photo à succès, mais votre renommée est devenue mondiale grâce à votre série photo « Super Flemish » où vous mettez en scène les fameux super héros des comics et ceux du cinéma. Vous aviez déjà « testé » avec la série très humoristique « Super Mamika », que nous publions ici et qui met en scène votre propre grand-mère. Finalement vous avez été un précurseur puisqu’aujourd’hui on ne compte plus les photographes qui font « du super héros ». Quelle réflexion cela vous inspire-t-il ?
Sacha Goldberger : En 15 ans de photos avec ma grand-mère, j’ai réussi à lui faire conduire une moto a l’envers, repasser un chien, fumer une saucisse, faire du vélo d’appartement Place de l’Étoile, manger sa main dans un sandwich, raser un cactus, poser en costume de poulet, voler en Super Mamika au-dessus d’un tapis de course, pas si mal pour une vieille dame. Ensuite il m’a fallu trouver une autre série, forte, décalée. J’avais d’abord pensé à faire une série sur les vampires végétariens en short hawaïen, avant de finalement opter pour la série des Super Héros Flamand « Superflemish »… Si j’avais gardé mon idée initiale je n’aurais sûrement pas été tout autant précurseur. (Tout excès de premier degré pourrait nuire à la lecture de cette interview).