Greg Rabejac capture des instantanés, des mouvements de l’eau baignée par la littérature et propice à la contemplation tandis que Pierre Larrieu aborde le territoire avec une sensibilité singulière, dans la peau du photographe-arpenteur qui « fait adroitement son chemin dans le monde » – pour reprendre la citation de Yogan Müller dans ses Curiosités de l’observation photographique.
L’une des volontés des photographes d’antan était d’enregistrer l’évanescence d’un mouvement, aussitôt disparu dans le présent renouvelé à chaque seconde, et appartenant à un passé accessible uniquement par la mémoire. Greg Rabejac se nourrit de cet état de perpétuel changement de l’océan, ou plutôt des océans et de la pluralité de leurs formes, textures, couleurs. Son objectif qui arrête et précise, entre au cœur des vagues hautes et creuses où la lumière pénètre d’une façon si particulière. Il illustre la diversité des motifs, formes sculpturales à la clarté cristalline, où l’on comprend alors la complexe terminologie employée par les Polynésiens, – inventeurs de la pratique du surf – pour décrire les vagues.
L’art de Greg Rabejac est imprégné de littérature : celle de Victor Hugo et d’Albert Camus surtout. La philosophie de Gibus de Soultrait vient appuyer ce rapport à la contemplation, à la liberté, autant qu’à la difficulté, l’abandon de soi face à l’énergie de l’élément naturel.
L’auteur écrit que les Polynésiens concevaient l’océan comme une enveloppe d’eux-mêmes. Greg Rabejac se laisse envelopper par les vagues pour en restituer la complexe structure aux particules qui trouvent dans leur groupement la puissance.