L’œuvre d’Olive Santaolaria est une quête dont le corps est le sujet et la photographie la surface d’enregistrement. Et ce pour émettre une sensation d’étrangeté. Le corps semble autant offert que surpris de se trouver là, comme agi par une force invisible en un spectacle au demeurant minimaliste. Le créateur sait restituer et inventer, fixer et mettre à distance en un art non de la représentation mais de la présence.
Cependant cette approche photographique est tout autant graphique. Et si dans certaines des séries d’Olive Santaolaria le corps est déformé, ici il nous fait face de manière fractale mais non sans ironie au second degré. Le photographe propose un film fixe où le corps – toujours dans un même cadre et angle de prise de vue – se dévoile dans une vision qui rapproche d’une esthétique picturale classique et connotée du portrait.
Existe aussi un clin d’œil à la plus vieille des histoires – celle d’Ève croquant la pomme. Elle invite le regardeur à (presque) la partager avec elle – même s’il ne doit caresser d’autre illusion que celle d’espérer être chassé du paradis terrestre (gageons qu’il voudrait bien y entrer). Chaque prise est donc une aventure en soi. L’inerte fait bouger les lignes en ce qui ressemble à un songe et une sortie du temps. Le corps est prolongé vers le bas hors de ses limites. Chaque scène est vécue sous la forme d’une fiction sensuelle. Les prises renvoient à un état de pure présence à la sensation et de rupture du réel tel qu’il est censé être présenté « normalement ». Un tel travail prétend moins à la réalité qu’à un romantisme froid en une narration paradoxale. Rien ne se passe. Ou presque. Mais le presque est important.