Avec ses Dramagraphies, scènes totalement imaginaires – en des lieux tout aussi fictifs – dans lesquelles il s’approprie tous les rôles, Michel Lagarde pose sur la vie un regard aussi aigu que celui du cinéma réaliste.
En tant que seul personnage multiplié à l’envie de ce comique de situation, il concentre dans chaque image la somme de ses divers métiers du spectacle puisqu’il en invente le scénario, modèle les décors, règle la lumière au millimètre et prend, bedaine au vent, l’allure de tous les personnages de la comédie humaine.
Bref, il n’y a de vrai ici que lui, ce type sacrément farceur, qui a compris que l’humanité n’est pas forcément ce qu’elle devrait être, et que l’on est jamais mieux servi que par soi-même.
Le brio de la construction de ces images conjugué à l’humour omniprésent fait de cet œuvre l’une des visions les plus drôles et les plus envoûtantes, tout en restant l’une des plus acerbes, de la photographie actuelle.
Texte de Bruno Delarue pour l’exposition Michel Lagarde au Palais de la Bénédictine à Fécamp en 2016.