Comme tous les numéros précédents, OPENEYE n° 22 m’a énormément plu, par la qualité et la diversité des pages présentées. Je dois même ajouter qu’au fil du temps, ces magazines se renforcent à chaque fois un peu plus…
Que nous réservera l’opus 23 ?
La série présentée par Sacha Goldberger m’a tout de suite interpelée : je suis restée un long moment à observer la photographie
de cette dame âgée qui sort fièrement le buste du toit ouvrant d’une petite voiture. C’est sûr, c’est une super héroïne !
Un casque de moto orné d’une étoile sur la tête, elle porte un justaucorps rouge, rouge comme la voiture… des gants, des collants argentés… Elle se tient droite, fière, appuyée sur le toit, sa cape qui vole au vent flotte…
En arrière-plan, le décor défile… La voiture semble voler… sur le porte-bagages, une petite valise… la super héroïne prend le large… Je retrouve la même héroïne dans toute la série du photographe : « Super Mamika ». Étonnante série. Le grand âge de l’héroïne, les mises en scène drôles me donnent envie de savoir qui est cette vieille dame décalée qui veut nous donner l’image d’une super héroïne ; et d’abord qui est Sacha Goldberger ? J’apprends qu’il est un photographe renommé et que son héroïne n’est autre que sa grand-mère « Mamika » (petite grand-mère en hongrois). Il l’adore. On apprend qu’elle a été très forte durant sa vie, qu’elle a vécu des moments très difficiles au temps du nazisme, qu’elle a sauvé une dizaine de personnes pendant la guerre. C’est une personne aimante, douce, fragile. Son petit-fils s’aperçoit qu’en vieillissant, elle commence à déprimer ; il analyse avec justesse la situation dans laquelle se trouvent les personnes âgées : « Quand on passe un certain âge, on se trouve piégé dans une société où il ne fait pas bon être vieux. On n’a plus de travail, plus de raison d’être là. Finalement, avoir une activité, que ce soit en posant pour des photos ou en chantant dans une chorale, c’est une façon d’être présent ».
L’auteur comprend bien tout cela ! Mamika, sans but, commence à s’ennuyer, elle déprime. Son petit-fils va utiliser ses compétences, son imagination, un grain de folie aussi… il photographie Mamika en super-héroïne ! Pour qu’elle ne soit pas seule, il est allé travailler chez elle avec son équipe. Il conçoit les scènes, fait habiller, maquiller sa grand-mère de façon décalée, délirante ; l’image est forte, inattendue, positive, plaisante. Il poste les premières photos sur le Myscape de la grand-mère, et ils s’aperçoivent que des gens s’intéressent à cette super-héroïne tellement drôle et différente à chaque fois. Mamika est heureuse, partante, elle a des projets, elle s’amuse, adore poser pour son petit -fils, admire son travail. La superbe série est lancée !
Mamika devient enfin une vraie héroïne qui transcende la mort grâce à l’imagination de son petit-fils.