Lény Stora propose des photographies de sa série « Traverses » où sont chorégraphiés de manière graphique des hommes nus mais sans rien d’impudique. Le propos est bien différent. En noir et blanc, des hommes plutôt sculpturaux (mais là encore sans excès) sortent des poses stéréotypées là où la représentation crée une forme d’ascèse en lieu et place d’un simple érotisme gay.
La photographe saisit les corps de près, soit de face, soit selon des plongées audacieuses. L’ensemble fomente une proximité communicante mais en éloignement avec ce qui est habituellement attendu du rapprochement de l’organique. Ici il est à la fois retenu mais comme s’il se détachait de la prise. Si bien que le corps, plutôt que sujet ou l’objet, devient pur langage. Par effet de divers angles, la photographe rentre dans l’organique d’un « roman » qui est autant celui de la vie que celui d’une esthétique. Stora a donc découvert comment donner de la vue dans le portrait pour prendre au dépourvu le corps ! Plus que de le pénétrer, il s’agit d’élargir son mystère en un érotisme qui arrache à ce terme ce qu’on entend par là.
L’univers intime bascule vers une vision marmoréenne mais qui n’est en rien froide. Le vivant est proche, d’autant que l’imaginaire photographique est hanté par la peau avec lequel il joue dans une telle expérimentation plastique.