par Philippe Litzler
Rédacteur en Chef
Lettre ouverte à Madame Roseline Bachelot, Ministre de la Culture
Madame la Ministre, dans une interview publiée par le magazine Polka cet hiver (octobre 2020), vous dites, à propos de la photographie, secteur en plein naufrage : « Je vous aiderai à surmonter ce drame ».
Or, juste avant le Réveillon 2020, la place occupée par la photographie au sein du Ministère de la Culture a été rétrogradée, passant de délégation à simple bureau. Si l’on avait voulu donner un signal négatif, on n’aurait pas agi autrement…
La photographie est devenue aujourd’hui un art majeur dans le monde. À plusieurs niveaux même : populaire, industriel, artistique, conceptuel, sans oublier son aspect mémorial.
Le visionnaire Walter Benjamin disait déjà en 1930 : « On s’était dépensé en vaines subtilités pour décider si la photographie devait être ou non un art, mais on ne s’était pas demandé si cette invention même ne transformait pas le caractère général de l’art. »
Et pourtant, jamais comme aujourd’hui, ceux qui la produisent, la mettent en scène ou la vendent, n’ont autant souffert ! Tous les gens d’image sont touchés, photographes, éditeurs et galeristes, les petits bien plus que les grands. Ne parlons même pas de tous ces jeunes qui vont sortir des écoles de photo… Finiront-ils au smic dans le bureau du service culturel d’une mairie ? Et alors que nous en sommes les inventeurs, allons-nous laisser à d’autres pays l’exploitation de la photographie ?
Vous êtes, Madame la Ministre, une femme de dialogue. Vous dites que vous attendez des suggestions pour aider les photographes. À OPENEYE, Le regard d’aujourd’hui sur la photographie, nous pensons qu’une délégation forte serait plus à même de canaliser toutes les propositions qui ne sauraient tarder à vous parvenir. Et puisque nous parlons d’idées, rappelons que notre magazine a proposé aux photographes de participer pendant le confinement à un projet photo original.
Nous en avons publié deux Hors-séries (magazines gratuits et consultables sur notre site) et nous avons lancé, dans la foulée, une exposition virtuelle grâce à notre partenaire, la Société Artgence, avec la complicité du laboratoire PICTO.
Nous pensons que sur ce modèle, des expositions virtuelles – organisées par le bureau ou la délégation du Ministère – pourraient permettre une meilleure visibilité des artistes, indiquer leurs références et leurs prestations. Ce serait déjà un petit coup de pouce.
Recevez, Madame la Ministre, ma plus haute considération.