Jusqu’à présent terrain inexploré pour moi, la couleur occupe une place centrale dans ce projet photo, et cette nouvelle appropriation marque un véritable tournant dans mon processus de création.
Mon désir de travailler sur les corps sert de point de départ. Lors de mes visites dans les musées, j’ai recherché les modèles vivants parmi les sculptures exposées dans les galeries. En recadrant les sculptures sans jamais toucher à leur forme, j’ai fait apparaître le modèle. La photo a servi de révélateur ; la couleur de formule. Grâce au nouveau souffle qui leur est donné, les corps figés – corps souffrants, corps timides, corps désirables deviennent sensualités évanescentes. Le rose, qui s’est imposé à moi, fait le lien entre tous ces modèles. Couleur du vivant, du charnel, cette nuance m’a permis de réveiller la matière blanche, dure, froide de la pierre, et d’animer ces hommes et ces femmes, comme si un nouveau cycle débutait pour eux. (…)
Petite bio : Dora Tishmann est née en Serbie en 1980 et vit à Montreuil en France depuis 2005. Elle est Diplômée de l’Université Nationale des Beaux-Arts de Bucarest et d’un master en arts visuels. À côté de ses projets personnels, elle travaille pour un atelier parisien de restauration de sculptures. Dans sa création elle recourt à plusieurs techniques – peinture, photographie, objet, installation, intervention dans l’espace public et performance dans le cadre des collectifs artistiques dont elle fait partie. Le corps comme objet, comme signifiant, comme univers, sont des thèmes qu’elle explore dans ses créations récentes. Dans cette perspective elle a suivi les cours de CRL10 et en 2020 le FotoMasterclass organisé par l’atelier photographique L’œil de l’Esprit, dans le cadre duquel elle développe son projet Éros, Hippolyte et Marcellus. Elle a déjà exposé en France et dans de nombreux pays.