Alberto Bregani aborde en alpiniste, écrivain et photographe la montagne. Et est-ce sans doute là l’un des secrets de la force de ses photographies, cette relation plurielle avec les cimes des dolomites, cette hybridité dans le choix de ses sujets et dans la réalisation de ses photographies.
Alberto Bregani mène plusieurs fronts à la fois. Il documente la montagne et réalise une série sur les sites de la Grande Guerre dans la région du Trentin, entièrement réalisée avec un smartphone. Il capte la vie de la montagne, son éveil sous les rayons du soleil, l’émergence d’un sommet au-dessus des nuages qui en dessinent les contours. Il crée des instants de magie lorsque se fige une boucle de nuage qui s’enfuit au sommet du Sfulmini ou quand l’écoulement d’une chute d’eau est transformé en brouillard éthéré.
Dans ces photographies, l’hybridité, comme chez Umberto Eco dans « Le nom de la rose », remplit une fonction de premier plan : l’hétérogénéité des registres. Des paysages naturels des Dolomites qu’il gravit, Alberto Bregani en propose une somptueuse mise en scène et un récit poétique porté par une écriture en noir et blanc, dont la « musicalité » et les nuances portent de puissantes émotions.