Les obsessions ou les fantasmes propres à chacun veulent se faire jour chez l’artiste dans un souci de reconnaissance, afin de donner à ce qui semble unique le sceau de la légitimité décerné par le plus grand nombre. En cherchant à être compris l’artiste veut montrer qu’il est comme tout le monde puisque finalement tout le monde pense comme lui.
Or le collant comme fétiche n’est pas dans la catégorie des plus connus et reconnus ; au contraire il est largement déprécié, considéré comme un antidote à l’amour aux yeux de ceux qui font des bas, des porte-jarretelles et du corset l’objet d’une idolâtrie incontestée. Mon travail cherche à montrer au contraire qu’il est le vêtement érotique par excellence puisqu’il est la seconde peau qui épouse parfaitement la ligne et le galbe du sujet, le rendant lisse, immaculé, sans la moindre aspérité, comme le serait un cercle parfaitement rond.
Cette perfection plastique qui se détache nettement dans l’espace comme si elle n’y appartenait pas, ce corps qui est limité par le collant qui l’enferme sans qu’aucune chair ne dépasse a pour moi deux sources d’excitation :
– La première est d’ordre esthétique puisqu’elle représente la pureté du trait qui annihile tout défaut.
– La seconde est plus dionysiaque car l’emprisonnement de la chair qui vit sous ce fétiche rend celui-ci plus intime avec la « chose » collée c’est à dire la jambe, la fesse ou le sexe ; la matière vivante laissera une empreinte sur le tissu synthétique…