Sous l’injonction implicite « Tu aimeras ton corps comme ton Dieu », la créatrice en propose des églogues et des assomptions. En sa nudité blanche semble se dessiner un bel oiseau érotique et mystique. L’image le cache et le révèle dans ce va et vient du noir et du blanc. La femme est aussi présente que disparue. Car l’image brouille et fait voir là où son corps n’est en rien souillé ou maculé.
L’odalisque, toute en gestes et torsions, propose des têtes à têtes même si la sienne se cache sous un masque. Les instants s’étirent là où celle qui n’est pas seulement volage sort de sa coquille dans ce qui se laisse voir. Près des varechs à peine visibles du pubis et les bains bouillonnant des seins, des cuisses, la photographie renouvelle un sens de rythme et du rite. Genoux et poitrine font de nous des troglodytes là où la nouvelle “Lorelei” à la blancheur marmoréenne partage quelques indices subtilement « programmés ».
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Eugenia Timoshenko vit à Istanbul mais connaît parfaitement la culture française. Modèle, elle a posé pour de nombreux photographes renommés dont Patrick Gomme, Bonze, Livio Morabito, Philip Bernard, Patrick Cockpit, Stephane Courtois, Isaure Anska.
Journaliste de formation, elle écrit textes poétiques et notes de lecture qu’elle publie sur ses blogs.
Elle crée aussi des autoportraits, entre autres avec des masques. Dans ses séries « Des rêves japonais », « Le brique », « Domino », son propre corps – moins objet que sujet – devient la matière de rêves où se croisent des rappels de l’œuvre de Hans Bellmer et des photographes japonais. Néanmoins Eugenia Timoshenko développe un langage particulier.