Lorsqu’Yvon Haze lève l’ancre ce n’est pas pour plonger « Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau » (Baudelaire) mais pour naviguer dans le connu pour le réinventer. Surgissent les Montagnes Rocheuses dont les méandres deviennent un labyrinthe optique. Le Désert de la Mort se métamorphose en une mer blanche sous un ciel noir. S’y éprouve un mouvement au sein de la fixité.
Le poison magique que le photographe propulse sur le paysage en révèle la profondeur cachée au sein de craquelures, strates, cheminées de fée, frontières. Yvon Haze en propose une autre mise en scène et en espace par ce qui tient du décrochement figural, de l’engloutissement, de la plongée et d’une paradoxale concentration.
Il transforme le réel des canyons d’Arizona et du Nevada par abrasions des formes et jeux du Noir et Blanc. Il laisse à l’image touristique la faculté de représenter et au cinéma sa capacité narrative. Bref il opère par soustraction mais afin que chaque œuvre acquière une nature vivante au sein même du minéral.