Les activités humaines remodèlent de façon exponentielle et durable la structure et l’équilibre de la nature. Les problématiques contemporaines quant à la préservation de la vie sont plus urgentes que jamais. L’impact est désormais irréversible et aucun retour en arrière n’est possible : après l’Anthropocène, que restera-t-il du Vivant ?
Le nouvel Eden est une série d’œuvres à mi-chemin entre la photographie et l’objet plastique, réalisées à partir de Polaroïds dans lesquels ont été insérés diverses matières organiques issues du Vivant, qui ont été ensuite développées par l’appareil. De la rencontre fortuite entre la chimie photographique et les organismes résulte une image aléatoire et autonome. Les limites du médium photographique sont redéfinies et détournées, il est alors matière première de l’œuvre plutôt que finalité en soi. De ce procédé par essence aléatoire, incontrôlé et incontrôlable, naissent des objets hybrides et vivants : l’organique, désincarné et souillé, figé par endroits par les émulsions chimiques, permet à d’autres formes de vie de se développer dans le huis-clos du cadre dans un processus de métamorphose permanente.
Ces images-objets d’un genre nouveau sont autant de métaphores visuelles d’un Vivant dégradé, et de l’avenir incertain d’une nature altérée dans sa structure-même. Elles se présentent comme des pistes de réflexion sur le caractère irréversible de l’action de l’Homme, le devoir de préservation d’une biodiversité agonisante, mais aussi sur la détermination des organismes à se réinventer dans un environnement hostile. Dans un entre-deux hautement symbolique, l’être mutant s’érige en relique de ce qui a été, et en promesse de ce qui sera.
Les images, photographiques et bergsoniennes, viennent synthétiser et consigner l’essence d’une vie molestée dans une grande archive du souvenir vivant : un fabuleux jardin dystopique.
Hugo Lanier
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