«Dans nos sociétés dites modernes, l’égalité des sexes est loin d’être acquise. L’image des femmes reste encore trop souvent associée au sexe faible. Pourtant, dans certains endroits de la planète, il en va autrement ».
C’est à un voyage franchement original, à la découverte de ces lieux méconnus, que nous convie la photographe Nadia Ferroukhi. Elle publie «Les Matriarches», une odyssée à travers le monde, à la rencontre de peuplades où les femmes tiennent les rênes, où elles transmettent la filiation, gèrent les richesses, organisent les cérémonies importantes.
Fruit de dix ans d’un nomadisme féministe, son travail constitue «une porte ouverte sur un univers inhabituel». Inhabituel, mais loin d’être unique. Car des microsociétés ayant le contre-pied de l’écrasant système patriarcal, on en trouve
aux quatre coins du monde, de la Chine au Kenya, du Mexique à Sumatra, de la Bretagne à l’Estonie. Exceptions dans un monde dominé par le masculin, les sociétés matrilinéaires ont existé
«de tout temps», pour reprendre les propos de l’anthropologue Françoise Héritier, à laquelle l’auteure dédie son ouvrage. Certaines d’entre elles perdurent aujourd’hui, d’autres se créent, mais toutes cultivent des structures, des formes propres, qui ne renversent jamais complètement les rapports de pouvoir. « Aucune n’impose une domination des femmes sur les hommes» souligne Nadia Ferroukhi.