par Philippe Litzler
Rédacteur en Chef
Lorsque j’étais Rédacteur du magazine « La Revue Suisse de Photographie » (l’organe des Photographes professionnels suisses), mon Rédacteur en chef était le fameux Oswald Ruppen (célèbre en son temps pour son franc-parler). Lorsqu’une mère éplorée lui téléphonait en lui demandant : « Monsieur Ruppen, mon fils veut devenir Photographe. Que doit-il faire ? » Il répondait du tac au tac : « Qu’il épouse une femme riche ! ».
Comme vous pouvez le constater, l’avenir des Photographes a toujours été incertain. Aujourd’hui, le rapport Racine pointe du doigt la désintégration des fonds de retraites des professionnels, cependant que le Ministère de la Culture propose enfin une rémunération minimale pour les oeuvres exposées dans des galeries « institutionnelles » (alors que les Photographes exposent gratuitement, juste pour le plaisir, c’est bien connu !). Est-ce que cela sera respecté puisque ce minimum s’applique sur une base volontaire ? Rien n’est moins sûr.
Toujours est-il qu’il est très difficile de vivre de la photographie, sauf à de rares exceptions.
Bien sûr, à OPENEYE, nous nous posons également cette question. La vente de photos semble être l’un des moyens de s’assurer quelques rentrées. Mais il faut souvent être reconnu avant d’être accepté par une galerie qui a la côte, ce qui est loin d’arranger les jeunes talents émergents… Et la rémunération reste finalement moyenne – lorsqu’il ne faut pas payer pour exposer – alors que le tirage est souvent à la charge de l’auteur ! Il existe bien sûr de grands groupes qui vendent chaque image à plus de 200 exemplaires. Mais le retour pour le photographe n’est que de 5 % !
L’idéal serait donc un système qui permettrait de vendre des images « artistiques et décoratives » pour un prix attractif et où le Photographe toucherait au moins 30 % du prix de l’œuvre, hors prix de fabrication. Vendues à un grand nombre d’exemplaires, ces dernières pourraient améliorer amplement les fins de mois de nombreux auteurs qui sont « plus artistes que gestionnaires ».
Nous y pensons…