Dans de nombreuses disciplines artistiques les outils peuvent être rudimentaires, voire inutiles. Ce n’est pas le cas de la photographie qui est toujours à la pointe de la technologie. Avec l’arrivée du numérique la machine s’est emballée, mais à la sempiternelle question : « Alors tu es passé au numérique? » est déjà tombée dans l’oubli. Les premiers APN étaient obsolètes au bout d’un an, aujourd’hui les boitiers sont arrivés à maturité, un appareil est encore dans le coup 5 ans plus tard, ce qui est rassurant. À titre personnel l’avancée la plus merveilleuse est que – photographe coloriste – depuis quinze ans je ne dépends plus des laboratoires et je peux enfin maitriser la chaine de production de la prise de vues jusqu’à l’accrochage en galerie, sans intervention extérieure. Rentrer le soir d’un reportage et pouvoir punaiser sur le mur de son labo un tirage de 1m2 une heure après est un luxe qui était impensable il y a vingt ans !
Fort de ces considérations et sachant que j’ai côtoyé à peu près toutes les disciplines photographiques, votre rédacteur en chef préféré m’a demandé de vous parler de ma nouvelle acquisition, le dernier moyen format, le Fuji GFX100S. Je lui ai pourtant expliqué que j’ignorais ce qu’était une matrice de Bayer ou un capteur rétroéclairé et que je me perdais allègrement dans les menus labyrinthiques de mes différents boitiers, il a juste répondu: « C’est parfait, tu feras l’affaire, j’ai besoin d’un véritable utilisateur et non d’un afficionado dévoué à une marque ».
Au mois de mars je reçois un coup de fil de mon revendeur aixois : « Il est arrivé ! ». Une heure plus tard je suis dans sa boutique afin de récupérer la « bête ». J’étais en pays de connaissance ayant eu précédemment, les autres moyens formats de la marque sauf le GFX 100, trop lourd. Le contact avec un nouveau boîtier est toujours émouvant, je ne m’attendais bien sûr pas à retrouver la sensualité et le toucher d’un vieil Hasselblad 500C « cuir-métal », ni le velouté métallique d’un mythique Leica « M », car l’époque de ces appareils est révolue. La boîte à peine ouverte, le boitier est vraiment sympa, bien proportionné et esthétique, surmonté de son nouveau prisme discret, il fait très Pro. Plus petit et bien plus léger qu’un reflex D850 Nikon, un peu plus gros qu’un hybride Sony alpha 7R IV, il a la taille idéale et pourtant, il embarque un maxi capteur moyen format de 102 mégapixels stabilisé sur 5 diaphragmes !
L’hybridation est en train de sonner la fin des réflexes.